les mots justes

31 janvier 2007

Je lis souvent les articles simples et bien conçu du journal le MÉTRO et souvent ils invitent un artiste de chez nous à écrire des commentaires, des articles et leur laisse la «tribune libre». Je ne pouvais passer à coté sans vous partager ce qui suit.

extrait intégral du journal MÉTRO paru le 29 janvier 2007

HUMEUR de Laurent Paquin

Il se passe quelque chose de bizarre. Souvent, quand j'ai envie d'écrire sur un sujet, c'est parce que je suis tanné d'en entendre parler. Autrement dit, quand j'en ai plein mon casque d'entendre parler d'un événement, il me vient presque automatiquement l'envie d'en rajouter. Paradoxal, non?

Ça m'est arrivé avec la reconnaissance de la nation québécoise, avec la fusillade (et non pas la "tuerie"!) de Dawson... Et aujourd'hui, ce sont les accommodations raisonnables qui me donnent envie de piocher sur mon clavier d'ordinateur.

"Etes-vous pour ou contre les accommodations raisonnables?" Quelle question bizarre! D'abord, comment peut-on être contre une chose qui est raisonnable? Si on est contre, c'est parce qu'on considère que ce n'est pas raisonnable il me semble!

Pourquoi nous présente-t-on les pires absurdités en leur donnant le qualificatif de raisonnable? Si la communauté musulmane de Saint-Perpétue demandant qu'on change le nom du Festival du Cachon parce qu'elle se sent lésée dans ses convictions, pourrait-on utiliser l'adjectif «raisonnable»? Cela m'a fait réaliser l'importance d'utiliser les bons mots aux bons moments. Comme le mot «raciste». (On a tellement parlé de ce fameux sondage sur le racisme des Québécois, on nous a tellement gavés d'informations farfelues et inutiles, je suis tellement tanné d'en entendre parler... que ça m'a donné envie d'écrire là-dessus aussi!)

Comment peut-on demander à des gens s'ils sont racistes sans préciser ce qu'on entend par raciste? Parce que dans l'esprit des gens, le racisme va du petit préjugé jusqu'au nazisme le plus radical. Je ne pense pas que 69% des Québécois se disent nazis!

Par ailleurs, l'utilisation du mot «Québécois» dans ce sondage m'apparaît aussi discutable. De qui parle-t-on? Des Québécois «de souche»? Ou de l'ensemble de la population, cela veut dire que les anglophones, les Italiens, les Haïtiens, les Arabes et les Juifs sont racites à 69% eux aussi. Mais si on parle seulement des Québécois de souche...cela voudrait dire que le sondage lui-même est raciste. En effet, comment peut-on parler des «Québécois» sans inclure les différentes communautés ethniques? Ce serait comme leur refuser le droit d'être racistes! Peut-on être plus raciste qu'en refusant à une partie de la population le droit de l'être? Pourquoi les Québécois de souche seraient-ils les seuls à bénéficier de ce privilège?

Un jour, nous serons tous racistes un peu et nous pourrons enfin rire de tout le monde! Je meurs d'envie d'entendre un rabbin me raconter une bonne blague raciste sur les Québécois! Un Latino-Américain rire des Arabes, un Haïtien se moquer des Anglos...Ou un Italien qui se tape sur les cuisses en entendant un Portugais lui raconter une bonne blague sur les Français! Mais ça, c'est tout moi. Idéaliste comme pas un.